Le plus grand réseau d’eau potable du canton du Jura est entré en service au début du mois.
Situées sur la plaine alluviale de Courtemaîche, ces nouvelles installations garantiront une eau sans bactéries et sans produits chimiques à une dizaine de communes. Elles serviront également huit communes ajoulotes et de France voisine en eau de secours. D’une capacité de 4000 m3 par jour, la station a la possibilité de doubler sa production actuelle et d’alimenter une population d’environ 16 000 habitants. Un investissement de 6,1 millions de francs a été consenti.
A plus petite échelle, le système de traitement de l’eau par ultrafiltration fonctionne déjà au Noirmont et à Saignelégier. Et Bressaucourt va débuter un chantier en utilisant cette technique. «L’eau est pompée dans l’énorme réservoir de la nappe phréatique de Courtemaîche. Elle est envoyée dans un système de tubes remplis de fines membranes qui retiennent les bactéries et matières en suspension. Mais ce procédé ne permet pas d’éliminer les traces de produits chimiques. L’eau subit alors un deuxième traitement au charbon actif», explique Jean-François Vallat, ingénieur responsable du suivi du dossier au bureau RWB à Porrentruy. La station est équipée de deux lignes de traitement d’une capacité respective de 100 m3 par heure.
Une partie de l’eau traitée alimente Courtemaîche (et bientôt Courchavon-Mormont – des discussions sont en cours à ce sujet). La deuxième partie rejoint le réservoir principal du Syndicat des eaux de Haute-Ajoie (SEHA) à Bure. Depuis là, l’eau dessert les communes de Bure, Courtedoux, Fahy,Grandfontaine,Rocourt,Réclère, Damvant et Roche-d’Or.
Le réservoir dessert encore la place d’armes de Bure, les chantiers A16 des tunnels de Bure et du Neu-Bois ainsi que les communes de Boncourt et Buix et six commune de France voisine en eau de secours (Croix et Villars- le-Sec par Bure, Abbévillers par Fahy, Villars-les-Blamonts, Pierrefontaine-les-Blamonts et Ecurcey par Damvant). «Lorsque les ouvrages de la Transjurane seront achevés, le réseau sera utilisé en cas d’incendie dans ces deux tunnels», précise encore Jean-François Vallat. Le réseau est d’ailleurs si long qu’il a fallu traiter l’eau au chlore afin qu’elle ne se réinfecte pas lors de son parcours depuis le bassin jusqu’aux robinets les plus éloignés.
«Dans un avenir assez proche, nous allons créer un supersyndicat », annonce le président du SEHA, Serge Quiquerez. Dans la perspective de raccorder Courtedoux à Porrentruy dans le secteur de Mavalaux, le réseau s’étendrait de Boncourt à Glovelier. «En passant par Alle et Vendlincourt, on pourrait encore, par l’intermédiaire du Syndicat des eaux de la Vendline (SEV) faire une boucle en Ajoie en rejoignant Buix par Alle et Vendlincourt», ajoute l’ingénieur de RWB. Cet été, la station flambant neuve sera inaugurée. «Il nous reste à rénover des puits et à réaménager l’ancienne station de Courtemaîche, où seront installées les pompes, des transformateurs des FMB et une salle de conférence », souligne Jean-François Vallat.
Filtration mécanique…
■ Le système d’ultrafiltration utilisé à Courtemaîche se compose de membranes poreuses capables de retenir des particules en suspension jusqu’à un diamètre de 0,01 micron. Ce mécanisme physique permet d’éliminer les algues, les levures, les pollens, les bactéries ainsi que des virus. Une partie de l’eau traitée est réinjectée dans l’installation d’ultrafiltration afin d’en nettoyer les membranes. Pour éliminer les traces de pesticides et d’organo- chlorés qu’elle contient, l’eau passe encore dans une grande cuve de charbon actif qui complète l’installation.
…gestion informatique…
■ La station a été entièrement automatisée et pourra être gérée par radio. Chaque réservoir sera équipé d’une antenne radio. Les fontainiers pourront bénéficier d’installations sur leurs téléphones portables, leur permettant de vérifier le niveau des réservoirs. Grâce à un ordinateur portable, il sera possible d’ajuster la production à la consommation depuis son domicile.
…et «robinet» de l’A16.
■ 4,5 millions de francs seront financés dans le cadre des travaux de l’A16. Le solde sera à charge du Syndicat des eaux de Haute-Ajoie, qui bénéficiera de diverses subventions (Office des eaux et de la protection de la nature, Etablissement cantonal d’assurance notamment). Enfin, le consommateur devra aussi y mettre de sa poche: «L’augmentation se situera entre 25 et 30 centimes par mètre cube d’eau», annonce le président du SEHA, Serge Quiquerez.
Source : LQJ – vendredi 30 mars 2007
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